À la Cinematek, nous braquons les projecteurs sur l'un des cinéastes polonais les plus visionnaires. Piotr Szulkin (1950-2018) était un réalisateur, scénariste, auteur, metteur en scène de théâtre et peintre. Dans ses œuvres imaginatives, il intégrait la philosophie du 20e siècle et la littérature médiévale polonaise dans la fiction spéculative, le film noir et les allégories grotesques. Sa tétralogie apocalyptique satirique et surréaliste est le secret le mieux gardé du cinéma polonais. Golem (1979), The War of the Worlds: Next Century (1981), O-Bi, O-Ba: The End of Civilization (1985) et Ga-ga: Glory to Heroes (1986) : ces films de science-fiction sauvages, iconoclastes et imaginatifs sont des paraboles sur les machinations du pouvoir qui dépassent les simples catégories de genre. Ils témoignent de la sensibilité visuelle prononcée et du style unique de Szulkin.
Szulkin a fait face à la censure du régime communiste à la fin des années 1970 et au début des années 1980 en raison de ses œuvres politiques sans retenue, tandis qu'après l'effondrement du communisme, il a régulièrement été en conflit avec les autorités polonaises. Cette tétralogie, composée de quatre récits existentiels, de paraboles absurdes ou de rêves fiévreux sur l'hostilité de la société moderne et les maux du totalitarisme, résonne plus que jamais avec la réalité terrifiante de l'état actuel de l'humanité. Nous projetons les films, accompagnés de quelques courts métrages surprenants de ce cinéaste exceptionnel, dans une nouvelle version numériquement restaurée, présentée par Daniel Bird, spécialiste du cinéma et expert de l'Europe de l'Est.
Dans un futur dystopique, un artisan graveur remet sa vie en question après avoir été interrogé pour des crimes qu’il n’a pas commis. Est-il véritablement humain, ou a-t-il été cloné ? Ce film de science fiction kafkaesque a été écrit comme l’allégorie de la République populaire de Pologne, mais est étrangement actuel.
1999 : les martiens ont débarqué ! Le Gouvernement kidnappe la femme d’un présentateur télé qui rechigne à endorser la propagande pro-martienne. Szulkin reprend une histoire de H.G. Wells pour en faire une critique du gouvernement polonais de l’époque.
Après une apocalypse nucléaire, des survivants se rassemblent dans un bunker caverneux en attendant l’arche promise par leur gourou. Mais la prophétie est une arnaque, et le dôme qui les protège des radiations est sur le point de s’écrouler. Un satire post-apo qui finit dans un climax dramatiquement réjouissant.
Un forcené est envoyé dans l’espace avec pour mission de coloniser une planète étrangement similaire à la nôtre. Il est accueilli en héros mais comprend vite qu’il est condamné à être empalé pour un crime qu’il n’a pas commis. Le dernier opus de la tétralogie apocalyptique de Szulkin, et aussi le plus drôle.
