H.P. LOVECRAFT ET LE COSMISME | Offscreen
Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) est l'un des principaux représentants de la littérature fantastique, de science-fiction et d’horreur du XXe siècle. Écrivain prolifique, doté d'une imagination étrange et souvent onirique, Lovecraft est connu pour être l'initiateur du terme « horreur cosmique » et pour avoir développé la philosophie particulière du « cosmisme », dont le thème principal est l'insignifiance de l'humanité.
En 1927, il déclarait : « La peur est la première et la plus puissante des émotions humaines. La plus puissante de toutes est la peur de l'inconnu ». Dans ses récits, ses protagonistes sont terrifiés lorsqu’ils comprennent qu'ils n'ont absolument aucun pouvoir de modifier l'univers qui les entoure. Un univers incompréhensible et indifférent à leur sort. Le concept de « cosmisme » chez Lovecraft est le résultat de son mépris pour les religions conventionnelles, de sa fascination pour le paganisme et de son sentiment existentiel d’une humanité impuissante face à l'immensité et au vide cosmiques.
Dans sa mythologie, le cosmos et ses dimensions parallèles sont peuplés d'innombrables êtres extraterrestres anciens et puissants, vénérés comme des dieux. Ce monde de fiction étendu et décrit avec force détails - connu des lecteurs sous le terme de « Mythe de Cthulhu » - est le fil conducteur de l’œuvre de Lovecraft.
Progressivement, le « Mythe de Cthulhu » a étendu ses tentacules vers d'autres médias, tels que les jeux, les mangas et le cinéma - même si Lovecraft n'a pas toujours été l’écrivain le plus facile à transposer au grand écran, la difficulté résidant dans la tâche de représenter visuellement l'indéfinissable. L'univers de Lovecraft a néanmoins souvent été une source d'inspiration pour de nombreux réalisateurs, à tel point que l'horreur lovecraftienne est devenue un genre cinématographique à part entière.
Depuis le succès du film Color Out of Space et de la série HBO Lovecraft Country, l'œuvre de Lovecraft semble connaître un renouveau plus grand public. Il est donc grand temps de composer un programme avec une dizaine de films lovecraftiens : adaptations, transpositions plus ou moins fidèles ou films inspirés de son œuvre et de ses thématiques.
COLOR OUT OF SPACE
Nicolas Cage se lance dans l’élevage d’alpagas dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre. Lorsqu’un météorite s’écrase dans sa ferme, la flore et la faune locales, puis les habitants du patelin sont infectés par une étrange couleur mauve. Commence alors un cauchemar aux accents très « body horror ». Cette adaptation de La Couleur Tombée du Cielmarque le retour inespéré au long métrage de Richard Stanley.
+ court métrage Transfer (Jonas Govaerts, BE, 2021), introduit par le réalisateur
SPRING
« L’amour est un monstre », prévient la tagline. Un jeune américain réfugié dans le sud de l'Italie rencontre une « créature de rêve » qui devient son âme sœur (malgré ses tentacules). Le duo Benson & Moorhead (The Endless, Synchronic) prouve que Lovecraft et romance ne sont pas incompatibles, dans une sorte de version gore et cosmique de Splash.
THE DUNWICH HORROR
LSD, effets psychédéliques, orgies mystiques et chaos cosmique sont au programme de cette adaptation libre de la nouvelle L’Abomination de Dunwich, produite par Roger Corman et écrite par le débutant Curtis Hanson. Le regretté Dean Stockwell joue le rôle d’un inquiétant occultiste à la recherche du Necronomicon qui croise le chemin d’une étudiante vierge (Sandra Dee), qui ne le restera peut-être plus très longtemps.
THE CALL OF CTHULHU
Longtemps considéré comme inadaptable à l’écran, le texte séminal de Lovecraft est filmé dans le style rétro d'un film muet des années 1920 et s'impose comme l'une des adaptations les plus fidèles de l'œuvre de l'écrivain. Plongée profonde dans la terreur des cultes anciens, le film est aussi l’occasion rare d’admirer Cthulhu en « personne » sur le grand écran.
+ court métrage Pickman's Model (Pablo Angeles, MX, 2014, 11')
DAGON
Pour sa troisième incursion dans l’univers de Lovecraft, Gordon s’attaque au court roman Le Cauchemar d’Innsmouth, dont il transpose l’action dans un village de pêcheurs espagnol, production Fantastic Factory oblige. Un couple américain se retrouve naufragé sur une île dont les villageois idolâtrent un dieu ancien qui exige des sacrifices et des femmes humaines pour se reproduire.
+ court métrage An Eldritch Place (Julien Jauniaux, BE, 2016, 17'), introduit par le réalisateur
NECRONOMICON: BOOK OF DEAD
Jeffrey Combs incarne H.P. Lovecraft en personne, dont la lecture du Necronomicon sert d’introduction aux trois segments très gore - réalisés par un américain, un français et un japonais - de cette anthologie inspirée de ses récits The Drowned, The Cold et Whispers. Hommes-poissons, créatures aux tentacules visqueux et chauve-souris voraces sont au menu.
FROM BEYOND
L’équipe de Re-Animator (Stuart Gordon, Jeffrey Combs) remet le couvert avec un film encore plus fou. Des scientifiques zinzins tentent de stimuler leur glande pinéale à l’aide d’une machine qui va ouvrir la porte à des créatures d’une autre dimension. Mutations corporelles, humour noir, Barbara Crampton en tenue de dominatrice et effets spéciaux signés John Carl Buechler sont au programme !
ABSENTIA
Dans l’excellent premier film, mélancolique et terrifiant, de Mike Flanagan (Doctor Sleep, Gerald’s Game), qui cartonne acuellement sur Netflix avec ses mini-séries (The Haunting of Hill House, Sermons de Minuit), le surnaturel s’invite dans la vie d’une femme enceinte dont le mari, disparu depuis 7 ans, réapparait subitement, tandis que sa sœur toxico est effrayée par un individu croisé dans un tunnel.
IN THE MOUTH OF MADNESS
John Carpenter convoque l’esprit de Lovecraft pour une enquête surnaturelle mettant en scène Sam Neill dans la peau d’un détective privé chargé de retrouver Sutter Cane, un romancier d’horreur disparu. Son enquête le mène en Nouvelle-Angleterre, dans une ville qui ne figure sur aucune carte, où la folie et l’apparition de créatures lovecraftiennes vont peu à peu se substituer à la réalité.
+ court métrage Family Matters (Steve De Roover, BE, 2019, 6'), introduit par le réalisateur
RE-ANIMATOR
« Il se prenait pour Dieu… mais Dieu a horreur de la concurrence ! », prévenait le poster. Pour son premier film, adaptation très libre de Herbert West, réanimateur, le regretté Stuart Gordon crée le chef d’œuvre de la comédie gore des années 80, ex-aequo avec Evil Dead 2. L’impayable Jeffrey Combs incarne cet étudiant en médecine obstiné à vaincre la mort, dont les expériences macabres vont provoquer des débordements aussi drôles que sanglants.