Ken Russell | Offscreen
L’iconoclaste britannique Ken Russell (°1927- †2011) a réalisé certaines des œuvres les plus osées, controversées et stylées du septième art. Ce cinéaste visionnaire doit sa renommée à son souci du détail, son style flamboyant et sa photographie baroque. Riches de références historiques et littéraires, les sujets traités par Ken Russell sont aussi variés que sensationnels : des nonnes névrosées dans un couvent du 17e siècle, les démons intérieurs de Mahler, l’angoisse sexuelle de Tchaikovsky, la vie émotionnellement éreintante de Valentino, l’ascension messianique d’un champion du flipper, la folie furieuse de vampires lesbiennes, la double vie d’une prostituée dépravée, l’exploration sous hallucinogènes d’autres formes de conscience…
Il a commencé sa carrière dans les années soixante, en tournant des biographies d’artistes délibérément irrévérencieuses pour la télé anglaise. Il se fait alors remarquer par son style innovant. Il fut le premier documentariste à utiliser des séquences jouées par des comédiens. L’imagination dont il fait preuve en brossant les portraits d’artistes se retrouve également dans ses longs-métrages. De nombreux artistes du 19e et du 20e (Liszt, Oscar Wilde, Henry Gaudier, Isadora Duncan, Claude Debussy) ont été gratifiés de son approche très subjective et source de controverse. Certains considéraient ses œuvres comme des fantaisies suffisantes qui en disent plus sur Russell que sur leur sujet, d’autres comme des interprétations post-modernes brillamment mises en scène. Dans ses films non biographiques comme Women in Love, The Boy Friend, Crimes of Passion ou encore Altered States, il jongle également avec les genres et les styles, en naviguant sans cesse entre les eaux du grand art et de la culture populaire, du high camp et du low trash, de la beauté pure et du kitsch vulgaire, et du rêve (ou cauchemar) et de la réalité. Il laisse derrière lui une filmographie qui nous replonge dans un passé éclairé par le présent, et vice versa. Avec près de 90 documentaires et films au compteur, Ken Russell s’est profilé tout au long de sa longue carrière comme un rebelle, en témoignant d’une fidélité indéfectible à la devise sexe, drogue et rock’n’roll.
Une large sélection de sa filmographie foisonnante sera projetée à la Cinematek lors du festival Offscreen. Celle-ci s’accompagnera de séances spéciales au Cinéma Nova et au Cinéma Rits, où se déroulera les 18 et 19 mars une conférence internationale intitulée « Ken Russell: Imagining the Past ».
Altered States
Un chercheur (William Hurt) planche sur la perception de la réalité et le fonctionnement de la conscience. A l’aide de caissons d’isolation sensorielle et d’un puissant hallucinogène, il tente d’explorer des états de conscience antérieurs. Une fable philosophique et psychédélique.
The Lair of the White Worm
Ken Russel utilise le dernier roman de l’ auteur de Dracula, Bram Stoker, comme tremplin pour son récit surréel et caustique sur un étrange culte sacrificiel dédié à un ancien dieu païen. La présence des symboliques phalliques est telle qu’elle aurait fait rougir Freud lui-même.
Salome's Last Dance
Ken Russell nous propose une adaptation farfelue et visuellement étonnante de la fameuse tragédie d’Oscar Wilde. Une version fétichiste de l’histoire de Jean le Baptiste et Salomé de l’Ancien Testament, ponctuée de scènes de sexualité perverse.
Women in Love
Cette adaptation du roman de D. H. Lawrence a valu un oscar à Glenda Jackson. Ken Russel fixe sur pellicule le regard radical et fruste que porte l’auteur sur l’amour et le mariage dans l’Angleterre des années 20. A sa sortie, le film choqua par sa scène de combat dénudée entre Alan Bates et Oliver Reed.
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