Offscreen
The Music Lovers
KEN RUSSELL
UK, 1970, 35MM, VOST FR & NL OND, 123’
Alors qu’il n’est qu’un simple professeur de conservatoire, raillé par ses pairs, la carrière de Tchaïkovski prend un tournant inattendu lorsqu’une mécène, voyant en lui un génie, décide de lui octroyer rente et logement à condition qu’il se consacre exclusivement à la composition. Soucieux de se conformer au monde et à ses usages, Tchaïkovski refoule avec fougue son homosexualité et épouse une jeune écervelée (Glenda Jackson excessive à souhait) qui écrit des lettres enflammées à tous les hommes potentiellement capables de la sortir de sa condition. Voyant dans ces mots, un signe d’amour (platonique) possible, Tchaïkovski s’engage et se perd jusqu’à l’écoeurement dans un tourbillon de sentiments contradictoires. Ken Russell structure son film comme Tchaïkovski ses compositions. Le spectateur est emmené, malmené, projeté, égaré dans un va-et-vient d’allégresse et désespoir. Les corps s’attirent et se repoussent. La spirale est charnelle, superbe, presque physique mais elle transforme, à force de tiraillement, ces êtres en pantins pathétiques. Notons, au passage, la parfaite photographie de Douglas Slocombe, futur chef opérateur attitré de Steven Spielberg.