Goodbye, Sylvia Kristel | Offscreen
L'actrice néerlandaise Sylvia Kristel nous a quitté au mois d'octobre dernier à l'âge de 60 ans. Avec ce programme BàZ, CINEMATEK tient à lui rendre un hommage posthume.
Il est évidemment impossible de faire l'impasse sur "Emmanuelle", cet incontournable de l'érotisme soft qui rendit l'actrice célèbre de par le monde, attisant le désir de quantité d'hommes (et de femmes), bien qu'elle soit déjà en couple à l'époque avec « l'amour de sa vie », le romancier Hugo Claus. Elle n'avait que 22 ans, et venait d'être élue Miss TV Europe, quand le rôle d'Emmanuelle la catapulta comme égérie de la révolution sexuelle. Sa beauté, atypique, ne correspondait pas aux canons de l'érotisme de l'époque, mais elle possédait un sexappeal naturel que beaucoup de femmes lui enviaient. Durant la période qui précéda l'avènement de la cassette vidéo, "Emmanuelle" a eu le mérite de faire passer le film érotique du réseau restreint des petites salles spécialisées vers le cinéma mainstream, dépassant les 350 millions de spectateurs dans le monde, tenant plus de 10 ans à l'affiche des cinémas parisiens, et donnant lieu à toutes sortes de remakes ("Black Emanuelle" [sic]) et de suites.
Le choix du deuxième film de cette soirée hommage s'est porté sur une réalisation trop peu connue de Walerian Borowczyk : "La marge". La présence de Sylvia Kristel dans le film, ainsi que son sous-titre ("Emmanuelle '77"), laissent présager un film de porno soft, mais l'atmosphère explicitement ténébreuse et surréelle du film contredisent cette première impression. Borowczyk s'était déjà fait un nom avec des films aussi dérangeants que "Goto, l’île d’amour" et "Blanche" L'érotisme osé et baroque des "Contes immoraux" et du très controversé "La bête", avaient renvoyé les films de Borowczyk vers les réseaux de distribution plus confidentiels. La marge est l'ultime tentative du cinéaste de recoller au cinéma mainstream. L'histoire d'un bon père de famille - interprété par Joe Dallessandro ("Flesh for Frankenstein") - qui se rend en ville pour y régler quelques affaires, et entame une relation obsessionnelle avec une prostituée (le rôle préféré de l'actrice d'après son autobiographie) - n'était en réalité qu'un simple prétexte pour la réalisation d'un film étrange et énigmatique, enrichi de quelques tours de forces stylistiques et agrémenté d'une remarquable B.O. reprenant tous les grands hits des années ´70 (10cc, Elton John, Pink Floyd).
Emmanuelle
Dans cette adaptation du roman à scandale d'Emmanelle Arsan, sorti clandestinement en 1959, l'épouse d'un diplomate de Bangkok fait abstraction, avec l'accord de son mari, de toutes les règles du mariage et, l'un comme l'autre profitent sans entraves de leurs escapades sexuelles.