FRENCH EXTREME | Offscreen
À la veille du troisième millénaire, le cinéma semble s’être débarrassé de la censure, ne plus connaître de limite en termes de représentation des corps et de la sexualité avec, entre autres, les films de Catherine Breillat, Lars Von Trier, où la pornographie côtoyait le cinéma d’auteur… jusqu’à Baise-moi, un uppercut brut co-signé par l’ex-hardeuse Coralie Trinh Thi et la romancière Virginie Despentes qui adaptent ici le premier roman de cette dernière. À livre punk, film brut, sans concession mixant rape and revenge et pornographie de manière nihiliste. Scandale lors de sa première à Locarno, puis scandale à sa sortie en France où il se retrouve interdit aux moins de 18 ans quelques jours après sa sortie. Il en sera de même en Belgique. Cette réapparition de l’interdiction aux moins de 18 ans, victoire d’une bataille livrée par une association catholique traditionaliste, est un coup de massue pour le film (et d’autres à venir) qui, même s’il n’est pas totalement censuré, coupe toute possibilité de diffusion au film. Aujourd’hui que la polémique est loin derrière, il est temps de redécouvrir le film la tête froide !
Quant à Martyrs de Pascal Laugier, nous quittons le porn pour passer au torture porn, terme catégorisant certains films gore à base de torture des années 2000 tels Saw et Hostel. Le film connut le sort inverse de Baise-moi, où, tout d’abord interdit aux moins de 18 ans, il fut finalement interdit au moins de 16 ans, ce qui sauve la vie commerciale du film, l’interdiction aux moins de 18 ans étant devenu une sorte de censure économique où le nombre de copies se comptent sur les doigts de la main, tuant tout le potentiel du film et sa visibilité. Martyrs restera comme le sommet des French Frayeurs, une vague de films de genre français extrêmes tels Frontière(s), À l’intérieur et Haute tension.