DOG EAT DOG | Offscreen
Deux satires sociales grinçantes qui contredisent l’affirmation selon laquelle le chien qui aboie ne mord pas. Adoptant par le truchement d’une voix-off sans émotions le point de vue du « personnage » qui donne son nom au titre du film, Baxter suit les pérégrinations d’un bull terrier à la recherche du bon maître. Une technique narrative qui donne au chien des allures d’héros tragique qui suscite tantôt la sympathie, tantôt le dégoût. Baxter se pose quantité de questions existentielles sur sa condition canine mettant au grand jour une personnalité dogmatique, frustrée et désillusionnée qui, à la recherche du bonheur, finit par emprunter le chemin de la destruction. Le premier film du cinéaste français Jérôme Boivin, réalisé au départ d’un script co-écrit avec Jacques Audiard, fit l’effet d’une bombe lors de sa sortie. Un film on ne peut plus subversif et inquiétant qui, par l’entremise de la psyché détraquée d’un chien, se donne à voir comme une mise en garde sur les dérives du caractère humain, comme une parabole acerbe sur la soumission au fascisme. Une jeune femme agressée en pleine nuit décide, à l’image des autres habitants du quartier, d’acquérir un chien d’attaque qu’elle confie à un dresseur charismatique qui entraîne les molosses à charger tout ce qui ne correspond pas aux normes du quartier, qu’il s’agisse d’immigrés ou d’adolescents insoumis. Dans Les Chiens, l’écrivain et cinéaste Alain Jessua dissèque au scalpel les peurs et angoisses de la société moderne, et livre un sinistre bilan qui reste aujourd’hui encore d’une actualité percutante.