SCANDINAVIAN SINS | Offscreen

Cette année, Offscreen prend la direction du nord pour se plonger dans le cinéma scandinave de genre et d'exploitation des années 1960 et 1970. La Suède et le Danemark ont été parmi les premiers à connaître une vague de libération sexuelle qui se propagera par la suite à l'international, desserrant ainsi l'étau de la censure cinématographique.

Cela a commencé dans les années 1950 de façon relativement sobre, avec ce que l'on rangerait aujourd'hui du côté de cinéma "naturaliste", Summer with Monika d'Ingmar Bergman, mais à mesure que les années 1960 avançaient, 1968 étant une année particulièrement déterminante pour la culture populaire et les mouvements de jeunesse, des films de plus en plus audacieux tels I Am Curious (Yellow) de Vilgot Sjöman's et Quiet Days in Clichy de Jens Jørgen Thorsen ont suscité la controverse dans leur pays et à l'étranger. Après l'abolition de la censure des films pour adultes au Danemark en 1969 et l'assouplissement de la censure en Suède, la pornographie a enfin fait irruption dans le grand public. La Scandinavie, déjà perçue à l'étranger comme plus tolérante et plus émancipée que le reste de l'Occident, est alors qualifiée de nirvana de la permissivité ou de dernier mot de la dépravation. Des comédies sexuelles légères au porno hardcore, les films de réalisateurs tels que Mac Ahlberg ou Torgny Wickman (oeuvrant parfois sous certains pseudonymes) ont connu un succès considérable aux États-Unis et dans d'autres pays, où le cinéma érotique scandinave a contribué à déclencher une révolution des attitudes vis-à-vis du sexe, qui a finalement conduit à la fin d'une censure cinématographique rigoureuse.

Les documentaires érotiques ou hardcore, les drames, les comédies, et parfois les thrillers, abondent dans le paysage cinématographique, tandis que d'autres genres tels que la science-fiction ou l'horreur ont historiquement eu moins d'impact dans les pays scandinaves. Néanmoins, au fil de nos explorations, nous avons déniché un certain nombre de joyaux exceptionnels que nous sommes impatients de présenter au sein de cette programmation. Parmi eux, on compte des titres remarquables tels que Terror in the Midnight Sun, The Doll, Victor Frankenstein, et - véritable trouvaille du festival - l'étonnant hybride de genre finlandais, Sensuela.

L'une des icônes de cet essor scandinave est l'actrice Christina Lindberg, l'invitée d'honneur du festival. Cette belle Suédoise, née le 6 décembre 1950 à Göteborg, a à son actif quelques classiques érotiques remarquables tels que Maid In Sweden, Exposed, Anita: Swedish Nymphet et le japonais Sex & Fury. Ce qui la rend véritablement emblématique, c'est son rôle inoubliable dans l'un des films d'exploitation les plus influents de tous les temps : Thriller: A Cruel Picture de 1973, connu aux États-Unis sous le titre They Call Her One Eye, en référence au bandeau oculaire que porte le personnage principal. Le film est une expérience écrasante qui se distingue par son esthétique pop-art pulp et sa violence ultraprésente. Il s'agit d'une œuvre controversée qui, non seulement est interdite dans son pays d'origine, mais expose également les limites de la pensée permissive dite scandinave et de la libéralisation de la censure cinématographique : la nudité est acceptable, mais la violence explicite ne l'est pas. La contribution de Lindberg à cette ère cinématographique singulière est célébrée et honorée comme un chapitre important de l'histoire du cinéma.

Avec plus de 20 films (y compris le double programme B-Z de mars), dont beaucoup en version inédite ou nouvellement restaurée, nous proposons un solide Smörgåsbord de films de genre, d'artsploitation et d'érotisme laissant peu de place à l'imagination. Outre Lindberg, plusieurs invités enrichiront l'expérience, parmi lesquels Rickard Gramfors du label suédois Klubb Super 8, l'auteur et exploitant de cinéma danois Jack Stevenson, Julian Marsh et Oliver Carter de la Erotic Film Society, ainsi que trois intervenants lors de la conférence internationale du samedi 9 mars.

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