Tommy

Ken Russell adapte l’opéra rock des Who, apportant à la décadence névrotique initiale, une orgie visuelle outrancièrement savoureuse. Enfant, Tommy assiste au meurtre de son père, pilote et héros de guerre porté disparu. “Tu n’as rien vu, rien entendu” lui ordonne les coupables “Tu n’as rien vu, rien entendu”. Le traumatisme est littéral : Tommy devient sourd, muet et aveugle. L’état de catalepsie dans lequel est plongé Tommy est prétexte à toute sorte d’initiations délirantes et psychédéliques : Tina Turner, en reine du vice et de l’acide, Eric Clapton gourou d’une secte vouée à Marylin, Jack Nicholson professeur en enrichissement personnel ou Elton John en magicien du flipper. Sa mère, Ann-Margret, gorgée de culpabilité, est prête à toutes les mascarades pour sortir Tommy de sa torpeur. De désespoir, elle finit par le projeter dans un miroir : le miracle se produit. Tommy devient alors le nouveau Messie. Ken Russell nous offre ici la jouissance cinématographique des années septante à l’état pur.