ROAD RUNNERS (PART 2) | Offscreen
Ford Mustang, Chevrolet Camaro, Pontiac Trans-Am, Dodge Challenger, Plymouth Roadrunner, Ford Gran Torino, Lincoln Continental Mark III… sont tous des bolides ronflants de l’industrie automobile américaine. Également appelées « Muscle Cars » pour leurs mécaniques surdimensionnées, elles traversent les vastes paysages américains, sillonnant les autoroutes d’État en État. Ces voitures sont toutes devenues emblématiques notamment grâce au road movie, genre extrêmement populaire dans les drive-in dès la fin des années 1960.
La naissance du road-movie est intrinsèquement liée au cinéma américain, et également à l’usage croissant de l’automobile dans la seconde moitié du 20e siècle. Dans les années 1970, le road-movie est devenu un genre de plus en plus important, remplaçant idéal au western traditionnel qui n’avait plus la cote, mais avec lequel il partageait le mythe de la Frontière qui est à l’origine de la fondation des États-Unis, des côtes Atlantiques jusqu’aux confins du Far West et de la civilisation. Soit une vaste terre ouverte à toutes les possibilités. Le road-movie propose généralement aussi une approche métaphysique basée sur l’évocation de thèmes tels que la rébellion, l’évasion, l’(auto)découverte, le changement… des thèmes qui convenaient parfaitement à une génération qui se reconnaissait davantage dans la contre-culture. Les protagonistes sont généralement masculins, ils fonctionnent seuls ou par paire – ils s’appellent alors buddies (copains) –, qui se rebellent contre les normes sociales trop conservatrices. Des histoires qui se déclinent pour l’essentiel sur deux scénarios possibles : celui de la quête de soi par le biais du voyage, et celui de la course poursuite engagée avec des hors-la-loi.
Dans l’épopée Two Lane Blacktop, road-movie cultissime de Monte Hellman, The Driver (L’auteur-compositeur James Taylor) et The Mecanic (Dennis Wilson des Beach Boys) entreprennent une folle course poursuite avec le pilote fanfaron d’une voiture de sport Grand Touring (Warren Oates, sensationnel), tandis qu’ils se disputent l’affection d’une belle autostoppeuse (Laurie Bird) qui les accompagne sur toute la longueur du trajet. Hellman revient aux essentiels du road movie en proposant une représentation « grand-écran », épurée et presque abstraite, pour rendre l’étendue infinie du paysage comme s’il s’agissait d’un purgatoire d’ennui et de perpétuels déplacements au sein d’une nation qui commence à remettre en question sa propre identité tandis qu’elle aborde les années Vietnam.
Optant pour un tout autre ton, Chewing Gum Rallye, qui date de 1976, est considéré comme le parrain d’une série de films, comiques ou non, qui s’abreuvent de courses tout-terrains illégales. Une poignée de films dans laquelle on retrouve par exemple l’énorme succès de Burt Reynolds Cours après moi shérif, La Course à la mort de l’an 2000 de Roger Corman, ou encore L’Équipée du Cannonball. Milieu des années 1970, l’adoption par le gouvernement américain d’une limitation nationale de vitesse à 55 mph, et le tollé que cette loi a provoqué auprès des citoyens qui estimaient que cette nouvelle règlementation constituait une violation des droits individuels, ont inspirés les studios hollywoodiens ainsi que les réalisateurs de films d’exploitation. Le cinéaste Chuck Bail, ancien cascadeur et chorégraphe des cascades pour de nombreux films classiques, donne le ton avec Chewing Gum Rallye, une série B qui s’appuie essentiellement sur des scènes d’action terriblement réalistes et spectaculaires, où l’on frôle à chaque fois le désastre, et des personnages sans grand relief mais hauts-en-couleurs, interprétés entre autres par Raul Julia, Michael Sarrazin et Gary Busey. Le ton du film est celui de la comédie burlesque, avec pour résultat l’impression d’un succulent dessin animé Looney Tunes.
CHEWING GUM RALLYE
Un groupe éclectique de pilotes de bolides personnalisés et “tunés” se retrouve à New York pour une course illégale sur un parcours de près de 5000 km jusqu’à Long Beach en Californie. Le prix du vainqueur : les droits exclusifs à la frime et un distributeur de chewing-gum rempli à ras bord.
MACADAM Â DEUX VOIES
Au cours d’une course automobile à travers le sud-ouest américain au volant d’une Chevrolet 1950, un duo pilote et mécanicien croise la route d’une autostoppeuse hippie ainsi que d'un conducteur effronté d’une rutilante voiture de sport GTO, dans un road-movie mélancolique devenu film culte.