ROAD RUNNERS (PART 1) | Offscreen
La naissance du road-movie est intrinsèquement liée au cinéma américain, et également à l’usage croissant de l’automobile dans la seconde moitié du 20e siècle. Dans les années 1970, le road-movie est devenu un genre de plus en plus important, remplaçant idéal au western traditionnel qui n’avait plus la cote, mais avec lequel il partageait le mythe de la Frontière qui est à l’origine de la fondation des États-Unis, des côtes Atlantiques jusqu’aux confins du Far West et de la civilisation. Soit une vaste terre ouverte à toutes les possibilités. Le road-movie propose généralement aussi une approche métaphysique basée sur l’évocation de thèmes tels que la rébellion, l’évasion, l’(auto)découverte, le changement… des thèmes qui convenaient parfaitement à une génération qui se reconnaissait davantage dans la contre-culture. Les protagonistes sont généralement masculins, ils fonctionnent seuls ou par paire – ils s’appellent alors buddies (copains) –, qui se rebellent contre les normes sociales trop conservatrices. Des histoires qui se déclinent pour l’essentiel sur deux scénarios possibles : celui de la quête de soi par le biais du voyage, et celui de la course poursuite engagée avec des hors-la-loi.
La Dodge Challenger 1970 blanc alpin est et restera la voiture de Point limite zéro, parce qu’immortalisée dans l’imaginaire collectif par ce film mythique de Richard C. Sarafian. Un road-trip sans escales à travers le Colorado et la Californie entrepris par un antihéros, donne lieu à des séquences d’action débridées, et des cascades spectaculaires, dans la traduction de Bullitt avec Steve McQueen. L’intérêt du film de Sarafian est qu’il délaisse l’approche machiste généralement de mise, pour une teneur beaucoup plus sobre et désespérée qui traduit le désarroi de la génération post-soixante-huitarde symbolisée par un homme motivé par un besoin inexplicable de continuer, de poursuivre.
Le dernier film, le très original La Grande Casse, s’impose comme une véritable orgie de carambolages et de poursuites à grande vitesse, et reste comme l’un des projets les plus passionnés de l’histoire du cinéma. H.B. « Toby » Halicki, propriétaire d’une entreprise de ferraille et de démolition de voitures, réalise seul et sans aucune formation cinématographique un film d’action dont il est à la fois le réalisateur, le producteur et l’acteur principal. À peine un scénario, et encore. Il s’occupe également de la mise au point des cascades qu’il filme parfois dans l’illégalité la plus totale. Avec un budget dérisoire, un casting d’inconnus (principalement des hommes à cols roulés, à moustaches tombantes et favoris, bref, la tenue typique des années 1970), et une entrée en matière assez longue jusqu’aux 40 dernières minutes d’un final sans pauses. Le film de H.B. « Toby » Halicki détrône totalement le remake boursouflé de C.G.I. (Computer Generated Imagery) réalisé par Dominic Sena avec Nicolas Cage, de par son authenticité, son savoir-faire de franc-tireur artisan, et un plaisir de faire du cinéma présenté sans prétention et sans vergogne. Et oui, c’est H.B. Halicki lui-même qui est au volant de la Ford Mustang jaune qu’il fait plonger de plus de 10 mètres de haut et propulse à quelque 60 mètres, ce qui lui valut un solide tassement de vertèbres et de ne plus jamais marcher de la même manière.
POINT LIMITE ZÉRO
Barry Newman incarne Kowalski, dernier héros américain, qui va chercher à prouver qu’il peut rallier en voiture Denver à San Francisco en moins de 15 heures. En cours de route, il fait la connaissance d’un ancien chercheur d’or, d’une femme nue à moto, et d’un DJ aveugle qui prédit un grand danger.
LA GRANDE CASSE
Détective à la solde des compagnies d’assurance, Maindrian Pace est également un voleur chevronné de voitures. Lorsqu’il vole une Ford Mustang 1973 nommée Eleonor, la police se met à ses trousses. Commence alors une course poursuite de quelques 40 minutes, pour une traversée de cinq Etats et la perte totale de pas moins de 93 véhicules.