ROLAND KLICK | Offscreen
Franc-tireur du cinéma allemand d’après-guerre, participant, sans jamais s’y intégrer totalement, au mouvement du Nouveau Cinéma Allemand, Roland Klick est un des cinéastes les plus originaux et subversifs de cette époque où le cinéma allemand va connaître une de ses périodes les plus fastes, et dont l’œuvre, comprenant quelques films cultes, est malheureusement tombée dans l’oubli.
Avant le cinéma, Roland Klick (°1939) s’est intéressé avec un certain succès au jazz et à la peinture, puis au théâtre, pour finalement choisir de passer le concours d’entrée au DIFF, Institut du Cinéma et de la Télévision de Munich – où il écrit ses premiers scripts, et réalise, dès 1962, ses premiers courts métrages, Noël, Ludwig et Zwei, qui vont circuler dans de nombreux festivals, et attirer sur lui l’attention au point d’être considéré comme le cinéaste le plus prometteur de sa génération. Roland Klick n’a jamais vraiment été accepté au sein de cette nouvelle vague allemande, sous prétexte que ses films étaient trop « commerciaux ». Quoi qu’il en soit, Klick a réalisé une série de films, dont deux ou trois sont considérés aujourd’hui comme des films cultes, en affirmant son rapport au cinéma par le biais d’une équation on ne peut plus simple : expression d’un point de vue du cinéaste sur pellicule + public = cinéma. Une manière de dire qu’il ne s’intéressait pas au côté dogmatique du nouveau cinéma allemand qu’il considérait comme une sorte de lobby, préférant travailler à l’écart de tout « mouvement », dans la marge de la marge. Son moyen métrage, Jimmy Orpheus et son premier long métrage Bübchen, offrent au cinéaste une certaine notoriété et une reconnaissance critique. Mais c’est son deuxième long métrage, Deadlock, qui va propulser Roland Klick au statut de cinéaste culte. Pour produire ce western psychédélique, Klick, conscient que ce projet n’intéresserait aucun producteur allemand, a cherché pendant des mois un producteur italien, profitant de son séjour à Rome pour collaborer avec Fellini pour la préparation de son Satyricon (1969). Ce western sombre et délirant, va propulser Roland Klick au rang des cinéastes cultes, un peu à la manière dont le fut Tarantino avec Pulp Fiction. Premier western allemand, Deadlock a imposé un nouveau genre, le Western Choucroute. Quatre ans plus tard, il produit un deuxième film culte, Supermarché, qui est considéré comme un de plus grands films du cinéma allemand des années 1970. Pour chacun de ses films, y compris ses deux réalisations suivantes, Lieb Vaterland magst ruhig sein (1976) et le documentaire Derby Fever USA (1979), qui n’ont pas eu le succès escompté, Roland Klick a toujours risqué tout ce qu’il avait pour donner vie à ses projets. En 1983, il réalise son film le plus déjanté, White Star, dans lequel il invite Dennis Hopper à incarner le rôle principal. Si le film fut un échec commercial, il est devenu culte non seulement pour son tournage délirant, mais aussi pour avoir resurgi des oubliettes du temps. Le tournage est l’une de ces heureuses catastrophes, un enfer qui finit par accoucher d’un petit chef-d’oeuvre. Dennis Hopper, alcoolique jusqu’à l’os, et survitaminé en cocaïne, perdant petit à petit le sens de la réalité, s’identifie au delà de la raison, même hors plateau, au personnage qu’il incarne. Nombreuses scènes avec Hopper sont restées au chutier, mais celles qui sont reprises dans le film, sont considérées comme ce qu’Hopper à livré de plus intense et de plus personnel à l’écran. Bien que d’autres grands cinéastes comme Steven Spielberg et Quentin Tarantino l’aient admiré et que ses films aient été récompensés à plusieurs reprises par le Bundespreis (sorte d’Oscars allemands) du meilleur film ou du meilleur réalisateur, son œuvre est malheureusement tombée dans l’oubli, mais CINEMATEK vous invite à la découvrir.






