Guilty Pleasures of the Eighties | Offscreen
Les années '80 : une époque d'excès et de bravoure superficiels, de néo-libéralisme et de consumérisme débridé. Le monde occidental est partagé entre losers au chômage et yuppies à succès. Les uns s'habillent en training, les autres en veste à épaulettes façon Don Johnson. Les femmes se font concurrence à coup de volumineuses coiffures, les hommes à coups de musculatures mises en relief dans des T-shirts moulants. La culture physique est à son comble : bodybuilding, jogging et aérobic. Les nouvelles technologies s'introduisent dans la sphère privée (cassettes vidéo, premiers ordinateurs avec les mémorables floppy disks), inaugurant un lent bouleversement des habitudes. Les années '80 sont tout à la fois le climax et l'anti-climax de la Guerre froide. Le président américain Ronald Reagan symbolise à merveille l'esprit politique de l'époque. Le Studio Cannon, propriété de Golan et Globus, s'apparente presque à l'organe de propagande officielle de la Maison Blanche, avec leurs all american heroes (Norris, Bronson, Stallone et Schwarzenegger) en intrépides protecteurs du monde libre. Le genre B à Z sont gonflés aux proportions des monumentaux blockbusters, les rites de passages des adolescents dans la vie adulte sont le sujet de dizaines de teenage movies, tandis qu'une quantité de braves gens se font massacrer dans les violents slashers. Nerds, yuppies, valley girls, bitches, punks, rappers et geeks peuplent de nombreux films des années '80, dont la plupart sont montés sur les airs disco, new wave ou hard rock de l'époque, Hollywood s'appuyant sur le succès de la chaîne télé MTV. Au final : une compilation inédite de quelques-uns des plus mauvais films de tous les temps.
Tous les vendredis de juillet et août, Cinematek et Offscreen vous donnent rendez-vous pour découvrir une sélection minutieusement élaborée des films les plus stupides de l'époque, histoire de les enterrer définitivement, commentaires sociologiques et historiques à l'appui. La sélection s'est portée sur des films qui étaient, pour d'insondables raisons, recommandés à l'époque, mais qui aujourd'hui paraissent tellement désuets ou surannés que la perplexité est de mise. Autre restriction : tous les films se déroulent dans l'Amérique des années '80. Donc, hélas, pas de Mon petit poney, Allan Quatermain et les mines du roi Salomon ou Kalidor, la légende du talisman. Mais qu'à cela ne tienne, il reste d'autres savoureux sommets de nullité cinématographique à se mettre sous la dent. Entrez dans la machine à remonter le temps, et laisser vous emporter de manière éhontée par vos amours de jeunesse lors de ces huit rendez-vous avec les années '80.
The Last American Virgin
Trois ados n'ont qu'un seul but dans la vie: « le » faire pour la première fois. Cette teenage sex comedy typique des années '80 n'échappe à aucun cliché et croule littéralement sous les hits pop d'alors. Une navrante comédie qui bascule dans le mélo pour un final lacrymal à faire pâlir Love story.
The Last Dragon
Un étudiant en arts martiaux sauve une charmante chanteuse (Vanity, une icône des années '80) des mains d'un homme d'affaires douteux et se retrouve aux prises avec Sho’nuff, le Shogun de Harlem. À la lueur des disco-lights, une navrante kungfu-comedy rythmée par le meilleur de la Motown.
Electric Dreams
Un geek et son IBM à l'intelligence artificielle se démènent pour le cœur d'une sexy voisine. Le réalisateur du vidéo-clip de Michael Jackson (Billie Jean) a fait de cette désolante comédie romantique un clip à rallonge, agrémenté de grossiers sons de synthétiseur et d'esthétique digitale préhistorique.
Death Wish 3
Dans la troisième partie de cette interminable saga de vengeance musclée, Charles Bronson plisse encore le front et débite toujours des one-liners d'une effarante ineptie. Mais ce légendaire nanar pousse l'excessif au grandiose, car c'est armé d'un bazooka que Bronson débusque la racaille.
Invasion USA
Un nanar culte des années '80, autour d'un agent soviétique et de son gang terroriste s'introduisant sur le sol américain pour mettre à mal le capitalisme, et la riposte d'un intrépide « canardeur » (Chuck Norris) sorti de sa retraite pour sauver le monde à coups de lance-roquette.
Rocky IV
Dolph Lundgren ayant terrassé son ami Apollo, Rocky doit reprendre le combat contre l'impitoyable muscleman soviétique. Avec la subtilité d'un uppercut, le réalisateur/comédien Stallone supprime tout ce qu'il y avait d'humain dans le personnage de Rocky, au profit de stéroïdes et de technique haltérophile.
Breakin' (Breakdance: The Movie)
Kelly s'appelle désormais « Special K », car toute la scène breakdance est à ses pieds depuis qu'elle rehausse les joutes chorégraphiques des danseurs de rue Ozone et Turbo. Un document d'époque haut en couleurs, tellement daté aujourd'hui qu'il en est devenu désopilant.
Mannequin
Andrew McCarthy s'entiche d'un mannequin d'étalage, tout en nous faisant profiter de l'étendue de son jeu d'acteur ankylosé. De même, Kim Catrall (Sex and the city) en poupée d'étalage, projette cette farce matérialiste et sexiste vers des sommets peu enviables.
Road House
Patrick Swayze décroche son diplôme de philosophie et commence sa carrière comme videur dans un bar musclé. Descendu en flèche par la critique, le film est devenu un nanar culte des années '80, avec ses allusions « homo » involontaires, ses personnages sans relief et ses interminables bastonnades.